Au nord-ouest de Saint-Émilion, le château Croque-Michotte et ses treize hectares de vignes dominent les vallées de la Dordogne et de L’Isle. C’est sur ce terroir d’exception, tout près de Pomerol, entre Cheval-Blanc et Petrus, que la famille GEOFFRION s’est installée en 1906. Depuis, sur cette petite exploitation, ils cultivent majoritairement du merlot, mais aussi du cabernet franc et du cabernet sauvignon. Afin de tirer le meilleur de ces cépages, Pierre Carle, le gérant du domaine et maître de chai depuis 1996, mène chaque aspect de la récolte et de la vinification. La taille courte des vignes se fait dès l’hiver pour maîtriser les rendements et ainsi obtenir un jus de raisin plus concentré qui sera la quintessence du Croque-Michotte. La vendange manuelle se fait sur plusieurs jours en fonction de la maturation des cépages pour cueillir les raisins exactement au bon moment. Il faut apprendre à jouer avec le temps pour profiter de la noblesse de la nature. Chaque grappe et chaque raisin seront triés par une table optique. Seuls les meilleurs seront sélectionnés pour aller dans les cuves. Le vin sera ensuite rapidement mis en barrique de chêne français à grain fin. Il y restera entre quinze mois et deux ans pour lui permettre de révéler tous ses arômes. 

Un regard nouveau sur le vin 

Avant d’être vigneron, Pierre Carle était ingénieur à Paris où il a travaillé pendant de longues années. Mais, dans les années 1990, il décide de retrouver son terroir et le domaine familial. Son expérience lui aura permis d’avoir un regard nouveau sur l’exploitation. À son retour, il se demande comment utiliser moins de produits chimiques sur les vignes. Puisqu’après tout, si le vin était bon en 1906 sans pesticides, il n’y a pas de raison qu’il le soit moins quelques années plus tard. Dès 1996, il défend une agriculture d’abord dite « raisonnée » afin de préserver ce terroir d'exception, et de protéger les artisans qui y travaillent. Cette démarche a permis au  Château Croque-Michotte d’obtenir en 1999 la certification biologique. Aujourd’hui encore, Pierre Carle cherche sans cesse de nouvelles techniques pour améliorer sa production. Récemment, il a décidé d’utiliser des bactéries biologiques qui sont ajoutées au remplissage des cuves pour annihiler  certaines bactéries néfastes. Ainsi les fermentations sont menées sans sulfites et les vins obtenus ont encore gagné en pureté.

L’humain et le savoir-faire 

Choisir le bio, c’est aussi accepter de faire avec les caprices de la nature et des éléments. Et pour ça, il faut maîtriser un véritable savoir-faire. C’est tout le travail de Claudie et Éric, les deux ouvriers agricoles de l’exploitation. Bien plus que de simples exécutants, ce sont de véritables artisans vignerons. Ils connaissent les curiosités de chaque pied de vigne, leurs qualités, leurs caractères et chaque geste pour y répondre. Et parce qu’ils appréhendent les humeurs du domaine mieux que personne, leur avis est primordial quand il s’agit de prendre une décision. Claudie travaille plus particulièrement dans les chais où elle va prendre soin du vin dans les cuves et les barriques. 

Mais ils ne sont pas la seule composante humaine du domaine. Lucile Carle, la fille du gérant, donne aussi beaucoup de son temps à la propriété. Elle aide son père dans la gestion et fait visiter le domaine sur rendez-vous. Un bon et beau moyen de découvrir ce  grand vin dégusté sur des tables étoilées. Et exporté en Belgique, en Australie, en Allemagne et dans beaucoup d’autres pays.