À Fécamp, à 2h15 de Paris et à 1h de Deauville se dresse un majestueux palais du XIXe siècle. Derrière sa façade à l’allure irrésistible, œuvre de l’architecte Camille Albert, se cachent des espaces consacrés à l’art, à l’Abbaye de Fécamp et à Bénédictine ainsi que la distillerie et les caves dans lesquelles repose la célèbre liqueur. Composée de 27 plantes et épices, sa recette fut redécouverte par Alexandre Le Grand. Ce grand visionnaire donnera à Bénédictine une renommée mondiale.

Tout commence par un vieux grimoire…

Entre le XVIe et le XVIIIe siècles, des moines ont créé d’innombrables élixirs en usant de techniques spécifiques de distillation et en faisant appel à leurs connaissances autour des épices et des plantes. Les moines bénédictins de l’Abbaye de Fécamp n’ont pas dérogé à cette tradition. Au sein de ce monastère, un des moines répondant au nom de Dom Bernardo Vincelli s’illustre par son haut savoir. Adepte de l’alchimie et de l’herboristerie, le personnage s’intéresse de très près aux méthodes de distillation et aux plantes, ce qui l’amène à créer un élixir de santé naturel en 1510. Ce précieux breuvage fut produit jusqu’en 1789. La Révolution française a tout ravagé sur son passage et a entraîné dans son sillage la perte d’un savoir-faire. Quant au manuscrit contenant la recette originale, il a été, par chance, préservé par un des derniers moines de l’Abbaye qui l’a confié au grand-père d’Alexandre Le Grand. En 1863, au détour de sa bibliothèque, ce négociant en vins de Fécamp retrouve ce vieux grimoire, qui retient toute son attention. Il y découvre l’intrigante recette qu’il veut à tout prix reconstituer, et y parvient après plus d’une année de travail. De là renaît l’élixir, devenu liqueur, et baptisé Bénédictine. On sait que celle-ci est composée de 27 plantes et épices dont la myrrhe, l’hysope, l’angélique, le safran, la noix de muscade ou encore le clou de girofle, mais la recette complète est tenue secrète. Pour contenir Bénédictine, pas question pour Alexandre Le Grand de choisir une quelconque bouteille. Il crée ainsi un flacon résolument élégant aux proportions et à l’allure si parfaite qu’il inspire de nombreux artistes pour ne citer que Paul Gauguin, Douanier Rousseau, Wesley Webber…

Palais Bénédictine : la vidéo

Haut lieu de l’art et de l’industrie

Mais créer une bouteille unique ne suffit pas. Alexandre Le Grand voit plus grand encore pour sa précieuse liqueur et décide de construire en son honneur un palais-usine. Il mène ce projet aux côtés de l’architecte Camille Albert, spécialiste du néo-gothique, et de nombreux artisants d’art, dont Marrou, génie des ferronneries et des faîtages. D’inspiration gothique et Renaissance, ce chef-d’œuvre architectural devient le lieu de production de Bénédictine ainsi qu’un musée. Il abrite effectivement une impressionante collection d'art formée par Alexandre Le Grand et composée d’un riche ensemble de peintures, ferronneries, ivoires, émaux sans oublier la bibliothèque de plus d’un millier d’ouvrages dont la plupart rédigés par des moines bénédictins.
Bien entendu, une grande partie de ce sanctuaire sera consacrée à Bénédictine et à ses 500 ans d’histoire. Une salle retraçant son historique est à découvrir, exposant, entre autres, une partie des 1000 contrefaçons de Bénédictine retrouvées dans le monde. Car, oui, la liqueur attise toutes les convoitises par sa renommée mondiale et ses saveurs subtiles. Une salle des épices exposant les ingrédients composant Bénédictine est également ouverte au public. La visite continue dans la distillerie où sont entreposés les alambics en cuivre martelé dont certains datent de la fin du XIXe siècle et qui servent encore aujourd’hui à élaborer la liqueur. À savoir que le Palais en est le seul et unique lieu de production au monde. Après la découverte des caves situées sous le bâtiment et abritant des foudres de chêne centenaires dédiés au vieillissement, le périple mène à la salle d’exposition où sont présentées des œuvres d’art contemporain, avant de s’achever dans l’espace dégustation pour découvrir Bénédictine sous l’une de ses trois Expressions.

Bénédictine et ses différentes Expressions

La naissance de Bénédictine s’effectue sous l’œil vigilant du Maître de Distillation dans le plus pur respect de la tradition et de la recette originelle. Après l'association des plantes et des épices, et suite à un processus de distillation réalisé dans les alambics de cuivre, quatre préparations appelées « Esprits » sont obtenues. Celles-ci sont assemblées puis vieillies en foudres de chêne pendant huit mois. L’étape finale de fabrication consiste à rajouter du miel et du safran qui confèrent sa belle robe ambrée à la liqueur. L’harmonie entre les plantes et les  épices lui apporte des arômes d’épices et d’agrûmes ponctués d’une note de fraîcheur. Sa texture riche invite à une sensation de mœlleux en bouche qui la rend unique.
Bénédictine se décline aujourd’hui en trois Expressions. La « recette traditionnelle » reste bien sûr la plus recherchée. Elle est commercialisée au sein de la boutique du Palais mais également partout dans le monde.
Sur le marché américain, B&B remporte davantage les suffrages. Il s’agit d’un mariage élégant entre Bénédictine et un Brandy. Un assemblage qui va vieillir au Palais Bénédictine. Ce cocktail a tellement été en vogue dans les bars américains que la société Bénédictine a décidé d’en fabriquer sous la marque B&B dès 1938. La troisième et dernière Expression, quant à elle, est Single Cask. Cette liqueur, exclusivement vendue au Palais Bénédictine, est vieillie dans des fûts plus petits et plus jeunes lui donnant ainsi un goût plus boisé et plus puissant puisqu’elle tire à 43°.
À déguster pure ou sur glace, Bénédictine révèle également toutes ses saveurs sous forme de cocktails. Des associations simples aux plus audacieuses, tout le monde y trouve son compte. Les curieux sont invités à essayer le « DOM » un mélange de 25 ml de Bénédictine, Martini Prosecco et long zeste de citron servi dans une flûte. Les initiés, quant à eux, découvrent l’alchimie de Bénédictine à travers des recettes comme le « Singapour-Sling », composé de 35 ml de gin Bombay Sapphire, 15 ml de Bénédictine, 15 ml de cherry brandy, 2 tranches de citron vert et du Perrier servi dans un verre haut.

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