Le camp de Royallieu abrite depuis 2008 le Mémorial de l’internement et de la déportation qui propose au public de découvrir et de comprendre, le temps d’une visite, l’histoire tragique de ces milliers d’internés passés par ce lieu.

Tout sur le camp de Royallieu

Situé en périphérie de Compiègne dans le département de l’Oise, le camp de Royallieu était jadis une caserne militaire de l’armée française qui s’étendait sur une vingtaine d’hectares. Elle a été construite en 1913 et regroupe 25 bâtiments.  En 1940, le camp sert de lieu de détention à l’armée allemande. Cette dernière y emprisonne des soldats britanniques et français qui ont été capturés. En juin 1941, l’administration allemande transforme Royallieu en un camp d’internement et de transit qui fut baptisé « Frontstalag 122 ». C’est là que les ennemis du IIIe Reich (ressortissants de pays alliés, juifs, résistants, prisonniers politiques…) sont internés. Entre 1942 et 1944, environ 50 000 personnes, dont la plupart des résistants, ont été internées puis déportées vers les fameux camps de concentration. Il est également important de noter la présence d’un camp juif à l’intérieur de Royallieu où des milliers d’individus ont transité avant leur déportation. 

Un lieu d’histoire et de mémoire

Créé par la ville de Compiègne, le Mémorial de l’internement et de la déportation propose un parcours historique à travers une dizaine de salles permanentes et une grande salle d’exposition. L’ensemble du site est porteur de mémoire. L'intégralité des matières, couleurs et décors utilisés depuis sa construction a été révélée à travers des procédés ingénieux. À l’intérieur des deux anciens bâtiments du camp,  les visiteurs ont droit à une visite interactive et autoguidée grâce à l’appui de nouvelles technologies audiovisuelles. Ces derniers découvrent notamment l’histoire du camp par le biais de témoignages sonores qui se déclenchent automatiquement en présence d’un visiteur, de projections sur les murs, ou encore de vidéos. Les visiteurs ont également accès à des documents reproduits comprenant notamment des lettres manuscrites, des documents administratifs ou encore des dessins. À l’extérieur, le jardin est également un lieu d’exposition. Tout au long de leur parcours, les visiteurs retrouvent des témoignages écrits et sonores, des plans du camp ainsi qu’une photographie des gardiens placée dans le contexte. En outre, des stèles en verre, construites par l’architecte Jean-Jacques Raynaud, « jonchent » les chemins sensibles de la mémoire.  La visite s’achève avec un tunnel d’évasion découvert fortuitement en 2007. Là encore, des témoignages écrits et audiovisuels viennent expliquer plus en détail les rares évasions réussies au sein du camp. Pour ceux qui souhaitent se recueillir, ils peuvent se rendre dans la chapelle œcuménique située le long de l’enceinte sud.

Enfin, dans le but de faire vivre ce lieu chargé d’histoire, le mémorial se dote d’une programmation culturelle variée comprenant notamment des conférences, colloques, projections, expositions, rencontres avec des témoins ainsi que des événements nationaux. Depuis sa création en 2008, pas moins de 114 000 visiteurs ont déjà emprunté les chemins de la mémoire de Royallieu.       

Le mémorial du wagon de la déportation

Pour que toutes les générations prennent conscience et se souviennent de la souffrance de ceux qui ont vécu sous la barbarie des nazis, et afin qu'un hommage soit rendu à ceux qui se sont battus pour la liberté, le général Gamache, Président des Amis de l’Armistice, a émis le souhait que la ville possède un wagon de la déportation en 2003. 10 ans plus tard, son vœu a été exaucé. Le Mémorial du Wagon de la Déportation fut inauguré en 2013. Il est ouvert au public sur rendez-vous et expose 2 wagons similaires à ceux qui ont servi aux transports des 45000 déportés vers les camps de l’horreur. C’est dans ce contexte de « devoir de mémoire » que les visiteurs peuvent visionner en continu des témoignages sur écran de ceux qui ont subi les atrocités de la guerre. 

Entre 1942 et 1944, de nombreux convois de déportation sont partis depuis la gare de Margny-lès-Compiègne. Le premier départ enregistré fut celui du 27 mars 1942 à destination du camp d’extermination d’Auschwitz. Ils étaient au nombre de 1112, dont essentiellement des juifs français, à être entassés dans le train destiné pour le transport des bestiaux. Ces déportés ont vécu l’enfer pendant trois jours et trois nuits de voyage dans des conditions inhumaines : privés d’eau, d’oxygène et de nourriture. Une fois arrivés au camp des ennemis, les rares survivants du périple avaient encore à subir les répressions psychologiques des Allemands. Le 6 juillet 1942, la gare de Margny-lès-Compiègne était à nouveau la scène d’une autre monstruosité qui a marqué l’Histoire : « le convoi des 45 000 ». Les déportés politiques, considérés comme otages, ont dû faire face à leur inévitable sort et rejoindre les rescapés du camp d'Auschwitz. Ces militants syndicalistes, obligés de quitter le camp de Royallieu à Compiègne, étaient accusés de faire acte de résistance aux communistes. Cette fois, ce sont des wagons de marchandises qui vont transporter les quelques 1175 captifs. Seuls trois d’entre eux ont eu la chance de s’évader de ce voyage meurtrier, le reste devait s’attendre à la mort à tout moment. Au moins un tiers a succombé pendant le voyage, dont la grande majorité sont morts asphyxiés. Les corps ont servi à alimenter le crématoire du camp…  Pour ceux qui ont survécu, ils étaient soumis directement à un dressage draconien et étaient forcés à travailler dans les kommandos de construction du camp de concentration. De cette vague, environ une centaine sont revenus en France en 1945.

Ces convois au départ de la gare de Margny-lès-Compiègne se multiplièrent au cours de l’année 1943. Les déportés étaient dispersés entre les camps de Sachsenhausen, d’Auschwitz, de Mauthausen, de Ravensbrück et de Buchenwald. L’année suivante, le nombre de victimes explose, passant de 933 à 2005 en deux mois d’intervalle. Le 2 juillet 1944, 2152 internés répartis dans 22 wagons partaient de la gare de Margny-lès-Compiègne. Ils vont emprunter la direction de KL Dachau à bord des « wagons de la mort » et 25% d’entre eux vont périr en cours de route. La visite du Mémorial du Wagon de la Déportation fait frissonner devant la cruauté que devait subir ces déportés, aujourd’hui considérés comme de véritables héros. Régulièrement et à la demande, le lieu reçoit des survivants des déportations 1942-1944 pour animer les visites pédagogiques et témoigner de cette douloureuse épiside de l'Histoire qui restera gravée à jamais. En outre, grâce au partenariat avec le Mémorial de l’Internement de Royallieu, la visite du Mémorial du Wagon de la Déportation sera bientôt intégrée dans un parcours éducatif conjoint sous le thématique « chemin de la mémoire ». En effet, de plus en plus de lycéens et d’étudiants s’intéressent ardemment à cet endroit. À préciser que la SNCF et les bénévoles de l’association pour le Mémorial du Wagon contribuent mutuellement à préserver l’âme de ce lieu.